“Je m'en irai poser tes portraits. A tous les plafonds de tous les palais.” [Leonora Martin]

“Je m'en irai poser tes portraits, A tous les plafonds de tous les palais.”

Novembre était bien là, bien installé. Pour ne pas dire qu'il touchait gentiment à sa fin. Le dernier samedi du mois venait de pointer le bout de son nez aux portes de Tale Valley.

Le jour peinait à se lever, en cette période où les jours rétrécissaient à vue d'œil. Ca ne t'empêchait pourtant pas de t'extirper tant bien que mal du lit après avoir replacé avec douceur une mèche de cheveux de Leo qui lui barrait le visage derrière l'oreille. Tu enfilas un sarouel pour seul vêtement et, les cheveux en pétard, tu allas te rafraichir le visage dans la salle de bains pour t'aider à te réveiller quelque peu.
Arrivé dans la cuisine, tu enclenchas la bouilloire, avant de sortir du frigo l'haupia préparé la veille. Ce flan de coco typique de l'archipel qui t'avait vu naître voulait que, pour une préparation digne de ce nom, il passe une nuit au frais avant d'être dégusté. Le laissant dans le moule à brownies, tu le coupas en carrés avant de déposer le plat au milieu de la table avec des assiettes et des cuillères de parts et d'autres. Lançant un sachet de thé japonais et l'eau chaude de la bouilloire dans une tasse, tu vas finalement t'asseoir à la table, les mains autour de la tasse. Et si tu portes cette dernière à tes lèvres, c'est uniquement pour souffler dessus, le liquide étant encore trop chaud.

Tu es sorti de la contemplation des petites vagues et des petits ronds présents sur la surface de ta boisson chaude par un mouvement, dans l'encadrement de la porte. Tu lèves la tête, un sourire aux lèvres. “Aloha! Bien dormi?” Que tu demandes à la rouquine qui squattait ton cœur depuis toutes ses années. Je te sers un café?” Que tu lui proposes, en posant ta tasse.
Un café, un thé ou quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. C'était le petit rituel du matin. La petite attention, au même titre que ses mèches de cheveux que tu aimais bien tortiller autour de tes doigts ou replacer derrière ses oreilles. Moments de douceur partagés, entre deux moments où vous aviez chacun besoin d'un peu d'indépendance sans tout le temps être l'un sur l'autre. S'ajoutait à ça qu'en ce samedi où le soleil peinait vraiment à percer entre les nuages cotonneux qui menaçaient de lâcher des flocons de neige sur la ville, vous aviez le temps de vous faire un week-end relativement chill en tête-à-tête.

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Je m'en irais poser tes portraits, à tous les plafonds de tous les palais.

feat.    @Hinata Hyōdō  &  Leonora.

(c) Dandelion

“Je m'en irai poser tes portraits, A tous les plafonds de tous les palais.”

Le matin... Si l'on ouvrait un dictionnaire, l'on trouvait quatre phrases plus ou moins similaires pour expliquer ce que c'était:

1.-Début du jour.
2.-La première partie de la journée qui se termine à midi.
3.-L'espace de temps qui va de minuit à midi, divisé en douze heures.
4.-Commencement.

Entre Leo et toi, le matin, plus que le début d'une nouvelle journée, c'était ce moment où vous étiez tous les deux bons pour vous embarquer dans un concours de celui qui aurait les cheveux le plus en pétard. Et comme il t'arrivait de les avoir aussi longs que la rouquine, ça pouvait vite faire un tableau assez cocasse! “Bien, merci. Et... une demi-heure à tout casser...” Que tu lui réponds, alors que, simplement vêtu d'un T-shirt beaucoup trop grand pour elle, elle vient se glisser près de toi. Tu étais, somme toute, debout depuis suffisamment de temps pour plus ou moins émergé des bras d'Orphée et te faire un thé. Thé que tu n'as toujours pas touché et, alors que Leonora vint poser sa tête contre ton épaule, tu ne peux t'empêcher d'aller déposer un baiser sur le haut de son crâne. Et alors qu'elle finit par s'écarter, tu te lèves pour aller lui faire son café.
“Je veux pas faire mon rabat-joie (même si un petit peu quand même) mais si tu me piquais pas mes T-shirt, t'aurais pas besoin de batailler avec...” Que tu ne peux t'empêcher de lui lancer avec un sourire, alors que tu presses sur le bouton de la machine à café et après l'avoir vu, du coin de l'œil, tenter tant bien que mal de remettre la manche de son habit correctement sur son épaule pâle.

Alors que le café coulait dans la tasse, ce n'était pas toi qui allait nier que l'hiver était désormais bel et bien là, le ciel de Tale Valley étant bien plus cotonneux que celui que Kailua-Kona que tu avais quitté il y a si longtemps.
“J'imagine que si je te réponds très sérieusement que te regarder te battre avec ton T-shirt est un bon programme, je suis bon pour passer la journée sur le paillasson?” Que tu lances à la jolie rousse, ton sourire amusé toujours aux lèvres, en revenant s'asseoir à côté tout en lui tendant sa tasse de café et en te préparant à esquiver un éventuel coup - aussi amical fut-il - que cette dernière aurait pu être tentée de te lancer.
C'est qu'il fallait quand même bien se l'admettre: tu pouvais être insupportable, lorsque tu te comportais comme un ado de quinze ans! Surtout de si bon matin...

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