Hinata Hyōdō [Terminée]

TW DE LA FICHE DE PRESENTATION ★ Vols, prison, viols, diverses pratiques sexuelles assez explicites et assez crues, violences corporelles, placement en foyer/maison de correction, fugues, privation de nourriture, événements et personnalités liés à la Seconde Guerre Mondiale, vie de SDF, prostitution, également une comparaison avec Guantánamo, bien qu'Hinata n'y soit jamais allé 

Ta mère, Tsugumi (muguet, si l'on devait en venir à traduire son prénom) est née Aoyama. Les Aoyama sont originaires d'Hiroshima et sont connus pour pratiquer le sixième art: nombre d'entre eux sont des artistes de danse, de cirque, de théâtre ou encore des mimes écumant les festivals d'arts de rue, les théâtres et les cirques du Japon et du monde pour s'y produire ou les écoles de danse, de cirque, de théâtre et de mime pour y enseigner ou y proposer des stages. Et bien qu'ils n'approuvaient pas l'alliance de leur pays avec le régime d'Hitler et les ambitions impériales de conquête de l'Asie, les hommes en âge et en état de combattre ont dû, bien malgré eux, rejoindre l'armée, durant la guerre de 39-45. Après la guerre, le largage de la bombe atomique sur Hiroshima, leur ville d'origine, le 6 août 1945, et la capitulation de l'empereur, les Aoyama ont préféré aller s'installer ailleurs sur l'archipel, tout en reprenant tant bien que mal leur vie d'artiste là où ils l'avaient laissée en reprenant les tournées dans différents cirques et festivals.
Ta famille maternelle était une famille de gens libres écoutant leur cœur, bien que chacun de ses membres avaient un fort caractère, la vie d'artiste n'étant de loin pas simple et forgeant le caractère et l'esprit de famille. Ce qui n'empêcha pourtant jamais Tsugumi - comme d'autres membres de sa famille - d'avoir le cœur sur la main et un amour inconditionnel pour les siens. Ayant un instinct maternel très prononcé, enfant, déjà, elle aidait sa mère et ses tantes à s'occuper des enfants plus jeune qu'elle, avant d'ensuite fonder sa propre famille et vivre énormément pour toi, tout en gardant cet esprit libre et cette culture artistique propres à son sang.

Ton père, Zen'Itsu Hyōdō ("bien", "spécial", "unique" et pour toi, il était tout ça à la fois), est né à plus de treize heures d'avion d'Hiroshima. Il est né hawaïen d'origine japonaise et coréenne à Kailua-Kona. Ses grands-pères ont fait partie de ses japonais qui ont refusé de passer pour des ennemis des Etats-Unis d'Amérique
sous le seul prétexte qu'ils étaient originaires du Japon que leur archipel avait déclaré la guerre à Washington en s'alliant à Hitler et Mussolini et attaqué Pearl Harbor. Ils ont donc refusé de rejoindre les camps dans lesquels Roosevelt voulaient les envoyer, de peur qu'ils se rallient à leur mère patrie et se retournent ainsi contre la terre qui les accueillait. Ils ont donc rejoint le corps d'armée hawaïen composé majoritairement de japonais pour se battre contre leurs "frères".
La guerre de 39-45 terminée, la famille de Zen'Itsu aura tenté tant bien que mal de panser ses blessures et de pleurer ses morts - comme tant d'autres, à la même époque! -, tout en tentant de reprendre leur vie de gens simples ne roulant pas sur l'or au milieu de ce mélange coloré d'ethnies qu'était leur Hawaï natale. Les Hyōdō n'étaient pas des gens ayant une grande culture, se tuant au travail pour nourrir leurs enfants et payer les factures, se laissant aller au folklore de leur archipel d'adoption plutôt que d'aller au théâtre ou dans les grands cirques qui s'arrêtaient deux ou trois jours près de chez eux et qui s'en allaient à Las Vegas juste après.

Rien ne prédisaient donc que Tsugumi et Zen'Itsu allaient se rencontrer, eux qui avaient un mode de vie si différent l'un de l'autre. Et pourtant, ils se sont rencontrés.
En 1977, elle avait tout juste vingt ans, lui vingt-cinq. Tandis que Tsugumi voulait tenter ses propres expériences sans être sans cesse l'un des maillons de sa famille qui lui servait de filet de sécurité, elle avait entamé une tournée de danse et de contorsion en solo. Zen'Itsu, lui, même s'il aimait beaucoup Kailua-Kona et sa région et son travail de guide touristique qui, ma foi!, ne payait pas si mal, commençait à trouver la monotonie de sa vie pesante. La route des deux asiatiques c'est croisée lors d'une soirée folklorique de quartier où la jeune femme tentait de s'initier à l'une des danses locales. Avec sa maîtrise de l'hawaïen plus que discutable, Zen'Itsu fut vite charmé par ce jeune brin de muguet qui avait déjà tant vu du monde alors qu'il ne connaissait que l'île où il était né. Etant également tombée sous le charme de cet américain guide à ses heures, Tsugumi ne devait plus jamais quitter le pays des hamburgers et de la malle bouffe, sauf pour quelques exceptions d'ordre familial.
Durant les années qui suivirent, ta mère se produisit principalement à Hawaï et dans les îles polynésiennes.

Tu naquis finalement en 1981, vingt-et-un ans jour pour jour après l'adhésion de l'archipel hawaïenne aux Etats-Unis, devenant ainsi son cinquantième Etat. Tes parents n'eurent pas d'autres enfants, après toi. Tu souffris longtemps de cette condition de fils unique, toi qui, à l'adolescence, alors que les services sociaux t'arrachaient à tes parents, aurait bien voulu avoir quelqu'un pour se rappeler avec toi du bon temps passer avec Tsugumi et Zen'Itsu.

Ta mère ayant la bougeotte, elle finit par se lacer d'Hawaï. Et alors que tu faisais tes premiers pas et commençais à baragouiner un langage assez étrange, entre l'hawaïen, le japonais, le coréen et l'anglais, ton père accepta de quitter sa région natale de Kailua-Kona pour la suivre sur les routes des différents Etats états-uniens. Toi dans leurs bagages, Tsugumi se produisait dans les rues et dans divers événements, proposant danse, contorsion, jonglage et mime, tandis que Zen'Itsu enchainait divers petits boulots. Vous n'aviez pas beaucoup d'argent, malgré tout, tu ne te souviens pas d'avoir manqué de quoi que ce soit, même si, avec le recul, tu as conscience que les fins de mois n'étaient pas toujours des plus faciles.

Tes parents tentaient tant bien que mal de canaliser ton caractère rebelle et récalcitrant. T'entourant d'amour, t'emmenant au zoo dès qu'ils le pouvaient, faisaient en sorte que tu vois d'autres enfants pour t'amuser et te dépenser avec eux comme tout enfant normal et t'initiant au sixième art, ils firent vraiment ce qu'ils purent. Mais malgré ton tempérament de feu et le manque de moyens financiers vous étiez, te semblait-il, heureux. Heureux d'être ensemble, tous les trois. Ensemble, contre vents et marées. Unis par l'amour que vous vous portiez les uns aux autres. Ce que tu ne savais alors pas - et ta mère non plus -, c'est que ton père avait tendance à piocher dans la caisse des lieux où il travaillait pour vous permettre, à vous, ta mère et toi, les deux personnes les plus chères et les plus importantes de sa vie, d'avoir un train de vie un peu plus confortable.
Ce fut dans les environs de Valley Tale où vous étiez depuis peu que les flics vinrent arrêter ton père au milieu de la nuit pour ce qu'ils considéraient comme un comportement frauduleux. Après un procès expéditif et un décret du juge que ta mère avait pu avoir un lien avec tous les vols de son mari - une quelconque implication de sa part dans les larcins de Zen'Itsu ne pu malgré tout jamais être prouvé, au grand damne des autorités! -, tu fus placé dans un foyer puis dans une maison de correction à cause de ton sale caractère et tes fugues à répétition pour aller rejoindre ta mère.

Tes années en maison de correction furent, pour toi, pire que les conditions de traitement infligés aux détenus du Camp de Guantánamo. Oui, la comparaison peut paraître extrême, mais lorsque, à quinze ans, l'on est séparé coup sur coup de son père emprisonné pour un crime dont tu le pensais innocent, et de sa mère, la comparaison n'a rien d'exagérée. Surtout que, parce qu'ado récalcitrant, tu te mangeas régulièrement des baffes, des coups de ceinture et des privations de repas par les éducateurs qui espéraient que ça te ferait rentrer dans les rails. Ca n'y changea absolument rien.
Au milieu de ce capharnaüm s'opérèrent les différents changements qui incombent à un adolescent en plein développement, avec la découverte de sa sexualité et tout le tsouin tsouin. Toi qui n'avais plus aucun repères ni affection, tu te mis donc à enchaîner les relations amoureuses. Quoi que, histoires sans lendemain serrait peut-être un terme plus juste. Tu cherchais quelqu'un à aimer et qui t'aimerait, mais tu ne savais plus ce que c'était que d'aimer et tu n'avais plus assez confiance dans les gens pour t'engager sérieusement. Des histoires foireuses et toxiques, tu en enchaînas beaucoup. Tu trompais beaucoup et on te trompait beaucoup. Relations sexuelles à trois, partouzes et gang bang à gogo. Bien souvent pas tendres pour un centime. Des viols, parfois, peut-être, où tu te retrouvais à devoir faire des cunni et autres fellations ou à en subir - avec une sodomie en prime, c'était le jackpot! - alors que ça ne te tentait peut-être pas plus que ça. Quoi que, pour le coup, tu étais dans un tel état de mal être et de souffrance que, aujourd'hui encore, tu ne saurais dire si viols et attouchements sur ta personne il y a vraiment eu.  

A dix-huit ans, ton bac obtenu de façon limite et par on-ne-sait-trop-quel-miracle en poche, tu fus mis dehors de la maison de correction.
Tout en continuant tes relations toxiques, tu fus, pour un tant, soulager, de ne plus avoir à supporter les sévices des éducateurs. Mais ça ne résolvait pas le problème que tu étais désormais à la rue. Tu avais trop honte de ce que tu étais devenu et tu étais trop fier pour te présenter ainsi à ta mère. Elle qui t'avait toujours tant aimé et qui te manquait tellement que tu aurais pu en crever de ne pas savoir comment elle allait. Pourtant, après ce qui te sembla être une éternité à vivre dans la crasse, le froid et la rue, squattant de temps à autre la chambre d'un amant ou d'une maîtresse d'une nuit contre une relation sexuelle, tu finis par la rencontrer. Elle. Cette personne travaillant au centre pour jeunes en difficultés. Cette dernière, peu à peu, avançant d'un pas pour en reculer de cinq, fini par apprivoiser l'animal sauvage que tu étais devenu.
Elle avait compris que tu avais besoin d'être valorisé, écouté, respecté. Que tu avais besoin d'être considéré comme une personne à part entière et pas comme une merde sur qui l'on pouvait cogner à tout va sous le seul prétexte que l'on était une figure d'autorité. Elle fit tout ça, tout en s'arrangeant pour te trouver une chambre au centre, histoire que tu es un endroit où crécher. Et malgré ton côté récalcitrant qui faisait que tu n'arrêtais pas de cracher et de mordre tout le monde, à l'image d'un chat ayant passé trop de temps dans la rue et que l'on doit sociabiliser avant de pouvoir le mettre à l'adoption, cette personne ne ta lâcha pas. Et si tu lui fis perdre patience, elle ne te le montras jamais. Ou, tout du moins, jamais avec violence, car elle savait que pour des jeunes en difficultés, être violent avec eux, ça ne menait à rien.

Au centre, tu fis également la connaissance de quelqu'un d'autre: l'amour. Celui avec un grand A. Celui que l'on ne sait d'ordinaire possible. Ce que l'amour te trouva, tu ne compris pas, mais il te trouva quelque chose. Il venait d'une famille qui, s'en être ultra-riche, n'en était pas ultra-pauvre pour autant. Il avait une certaine douceur cumulée à de la patience et à une certaine capacité d'écoute. Il ne vivait plus chez ses parents pour diverses raisons et, avec la personne du centre, finit par réussir à te sociabiliser et à faire que tu ne sautes pas au coup de tout le monde pour le moindre regard de travers. Ils te poussèrent également à commencer des études de vétérinaire, toi qui avait une telle facilité avec les animaux et les trouvant tellement moins jugeant que l'être humain.
Désormais que, dans l'ensemble, ça commençait à aller mieux, il te restait une dernière chose à faire: renouer avec ta mère. La personne du centre qui était ta référente c'était renseignée: elle n'avait pas quitté la région, depuis ton placement, une éternité plus tôt, dans l'espoir de pouvoir être là, si l'ordre de placement du juge venait à être levé. Comme le temps avait du être long, pour elle! A ça s'ajoutait que ton père était sorti de prison, ayant purgé sa peine et que, tout comme Tsugumi, il espérait te revoir, te serrer à nouveau dans ses bras. Les retrouvailles furent difficiles, tendues, électriques, toi qui ne savait plus ce que c'était que d'avoir une famille. Les gestes tendres avec ta mère revinrent pourtant relativement vites, bien que malgré tout de façon très maladroite. Ce fut plus long avec ton père que, avec les années, tu avais fini par considérer comme étant responsable de tous tes malheurs.

La vie de famille fut donc à réapprendre intégralement. Les relations amoureuse et sexuelles avec celui/celle qui partageait désormais tout lit à apprendre intégralement: respect, fidélité, confiance, parties de jambes en l'air entièrement dans le consentement...
La seule ombre au tableau, si l'on puit dire, fut l'arrêt de tes études vétérinaires. L'école n'était définitivement pas pour toi. Tu partis donc pour te former plutôt sur le terrain comme soigneur animalier. C'est comme ça que tu finis par te faire engager au Refuge Lady and the Tramp pour ne plus jamais en partir. Faire les soins de base aux divers animaux qui s'y trouvaient, les nourrir, les câliner, les chouchouter, changer leurs litières et autres équivalents, promener les chiens: tu avais l'impression d'être enfin à ta place. Ca ne t'empêche pas pour autant de continuer de ruer dans les brancards lorsque l'on te titille un peu trop et d'avoir assez mal vécu que l'on saccage le Refuge - comme si les animaux avaient demandé de faire les frais de la connerie humaine!
Tu continues également de trouver celui/celle qui squatte ton cœur depuis toutes ses années bien courageux.se de continuer à te supporter malgré ton caractère de merde et ta jalousie. C'est qu'à force, vous savez vous laissez mutuellement souffler en cas de besoin et vous faire la gueule quelques jours pour mieux vous réconcilier sur l'oreiller...