Did all my dreams never mean one thing? ( p h o e b e )

TW DE LA FICHE DE PRESENTATION ★ misère, criminalité, abandon, blackmail, manipulation.

Phoebe est née et a grandit dans un des quartiers défavorisés de Liverpool, en Angleterre. Là où la loi et les forces de l’ordre sont une notion extérieure, étrangère, visible dans les rues mais intangible comme l’air. Des lois, un ordre, il y en avait, mais ils n’étaient pas régit par le gouvernement ni par la politique. C’était des familles du coin, des hommes, qui dictaient leur loir, et tout le quartier devait s’y plier.

Phoebe a grandit en entendant ses parents parler de déménager, d’aller vivre ailleurs, de devenir libres, de lui offrir un avenir. Mais au travers des promesses et des années, alors qu’elle grandissait suffisamment pour comprendre, lui venait peu à peu la perception que les choses empiraient au lieu de s’améliorer. Au lieu de parvenir à faire des économies, ses parents se retrouvaient avec des dettes de plus en plus grandes. Mais ses parents arrivaient à la tenir à l’écart du pire. Ils l’éduquèrent à faire attention, à être prudente, à se taire et baisser les yeux quand il le fallait, où à clairement s’affirmer et se défendre quand la situation l’exigeait.

Ce que ses parents avaient durement accompli, Phoebe le démoli en un rien de temps, pour une histoire de cœur. Son voisin, son ami de toujours, celui sans qui elle ne pouvait même pas s’imaginer vivre, était devenu membre de la mafia du quartier. Il avait commis une erreur de trop et craignait que la tête du clan ne mette ses menaces à exécution. Pour le protéger, Phoebe proposa de porter le chapeau, de se faire passer pour responsable. Pour payer sa faute, Phoebe du à son tour devenir membre du gang, et leur rendre des services, toujours plus risqués, toujours plus dangereux. Cela créa une grande dispute au sein de sa famille. Ses parents ne lui pardonnaient pas son choix, eux qui avaient tant fait pour la protéger. Phoebe ne put même pas se consoler d’avoir pris la bonne décision. Son voisin ne tarda pas à se trouver une autre fille, et à prendre la fuite avec elle, disparaissant du jour au lendemain, la laissant seule aux mains de la mafia.

Heureusement, elle s’en sortait toujours bien dans ses missions, jouant sur son visage d’ange et son jeune âge pour jouer les innocentes auprès des autorités, usant de mensonges et de manipulation, et commença à monter l’échelle de la mafia. Elle avait appris sa leçon : ne compter sur personne, et n’avait plus peur de trahir ou de livrer une personne innocente si cela pouvait lui sauver la peau.

Son père tomba gravement malade, son traitement coûtait cher. Ignorant les supplications de ses parents de se sortir de ce gang, Phoebe y replongea de plus belle pour extorquer de quoi les aider. En vain. Son père mourut de sa maladie. Ses dettes retombèrent sur elle et sa mère.

Mais juste alors qu’elle allait perdre espoir, Phoebe entrevit une porte de sortie. Un boulot, une mission que la tête du gang ne pouvait lui remettre qu’à elle seule, ce qui lui donnait enfin le poids de pouvoir elle-même négocier son tarif. Il s’agissait d’une mission d’infiltration sur un bateau, d’une chasse au trésor. Le père de Phoebe avait été marin. De tous les membres du gang, c’était elle qui avait le plus de chance de réussir à se faire recruter dans l’équipage sans se faire remarquer. Phoebe énonça sa condition. Si elle y parvenait, si elle lui ramenait se trésor, elle était libre. Sa part de la récompense paierait les dettes qu’elle et sa mère avaient, et le gang les laisserait commencer une vie ailleurs. Sa condition fût acceptée à une condition : un délai. Le délai passé ou en cas d’échec, ce n’était pas la peine de revenir et elle pouvait considérer sa mère comme morte.

Misant le tout pour le tout, sans dire un mot à sa mère du danger les menaçant ni de leur possible liberté à venir, Phoebe se fit enregistrée sur le RLS Heritage, comme manœuvrière, une parmi tant d’autres, une foule de matelot.
Le voyage mit ses nerfs à rude épreuve. Elle qui avait toujours vécu dans un quartier suivant ses propres lois, elle devait désormais suivre à la lettre les règles de la marine, et sans discuter. Se mordant la langue, elle accomplit ses tâches, même les plus ingrates, endura la houle et les tempêtes, supporta les remarques humiliantes de ses supérieurs sans broncher. Et elle fit la rencontre de Matthias Geaudrault. Lui pouvait faire des vagues. Lui pouvait se le permettre. Et pour cause, Phoebe ne tarda pas à comprendre qu’il était de près ou de loin à l’origine de la chasse au trésor. Sa cible était choisie. Si elle parvenait à se le mettre dans la poche, le trésor était à elle. Sa survie. Sa liberté.

Phoebe fit preuve de plus de prudence que jamais. Elle ne pouvait pas se permettre d’échouer dans cette mission. Mais heureusement, séduire Matthias ne lui posa pas la moindre difficulté. Phoebe était habituée à jouer le rôle de la demoiselle en détresse, et malgré tous les soucis qu’il avait en tête, Matthias était trop heureux de bondir sur l’occasion de sauver quelqu’un. C’était quelqu’un de bien, Matthias. Lui aussi était là pour essayer de s’en sortir, essayer d’aider sa mère. Pour la première fois depuis longtemps, Phoebe commença à éprouver des remords vis-à-vis de ce qu’elle était en train de faire. Mais la menace planant au-dessus de sa tête l’empêchait de faire marche arrière. Alors jusqu’au bout, Phoebe joua le jeu, veillant sur Matthias, le laissant veiller sur elle, se protégeant l’un l’autre, se rapprochant l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’elle même s’y perde. A force de feindre l’amour, Phoebe se retrouva à éprouver de véritables sentiments pour le jeune homme. Peu importait. Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouverait avec un cœur brisé. Ses sentiments l’avaient déjà trompée une fois, hors de question de refaire la même erreur.

Le radar indiqua la position du trésor, qui fût bientôt retrouvé et ramené sur le bateau. Une nuit sans lune, le cœur serré, Phoebe s’empara du trésor et se glissa sur le pont pour détacher un des bateaux de secours. Elle savait où se trouvait la côte, et de là, comment revenir en Angleterre. Seulement, Matthias la pris sur le fait. C’était le problème d’être devenus si proches, il savait toujours où la trouver, elle ne pouvait pas lui échapper. Alors Phoebe abandonna les mensonges, abandonna son masque et lui dit toute la vérité. Qu’il sache au moins, avant de la livrer aux autorités, pourquoi elle lui avait menti tout ce temps, et ce que cela lui avait coûté. Mais contre toutes ses attentes, Matthias ne la dénonça pas. Il la laissa partir, avec le trésor. Sachant qu’elle ne le reverrait jamais, qu’elle ne pourrait jamais le lui rendre, Phoebe l’embrassa, sincèrement, tendrement, avant de disparaître dans la nuit.

Elle revint à Liverpool juste à temps pour respecter le délai qui lui avait été imposé. Avant que le chef de gang n’ait le temps de changer d’avis, Phoebe avertit sa mère, l’aida à régler leurs quelques affaires, et toutes deux prirent un aller simple pour les Etats-Unis. D’avions en avions, de bus en bus, elles allèrent le plus loin possible, s’enfonçant toujours plus dans le pays, jusqu’à Valley Tale, où elle louèrent un petit appartement sur le port. Ce n’était pas grand-chose, mais ce n’était pas Liverpool, et la présence des bateaux réconfortaient Phoebe, lui donnaient l’impression d’être un peu plus près de ce qu’elle avait abandonné en mer. Comme s’il lui suffisait de monter à bord de n’importe lequel des voiliers de plaisance pour y retrouver Matthias sous le pont.

Décidée à laisser derrière elle sa vie de mensonges et de manipulations, Phoebe chercha un emploi dans la ville. Une brasserie recrutait, et Phoebe y signa un contrat de serveuse, et tressaillit en voyant sur le contrat le nom de famille de son employeuse : Gaudreault.